Voici le diagnostic pour trouver les causes de l’embouage d’une installation de chauffage ou d’eau glacée et quelques conseils pour bien entretenir cette installation.
Diagnostic pour trouver les causes de l’embouage et règles de l’art de l’entretien d’une installation
A) Etat de l’installation
Le technicien chauffage connaît son installation. Il doit être en mesure en 15-20 minutes de décrire l’installation, préciser les interventions qu’il y a eu et exprimer ce qui, à son avis, ne fonctionne pas bien et qui peut expliquer l’embouage.
B) Analyse de l’eau du réseau chauffage ou eau glacée
Tout chauffagiste devrait faire a minima une analyse d’eau par an. Sinon il lui est impossible de connaître la qualité de l’eau de l’installation. Cela à condition que l’analyse soit faite sur un nombre suffisant de paramètres pour avoir une « radiographie » de l’installation.
A savoir : les analyses réalisées par les traiteurs d’eau auxquels s’adressent une majorité de chauffagistes ont surtout pour objectif de prouver « le besoin de conditionnement (traitement) de l’eau » et, s’il existe déjà, d’en vérifier l’efficacité. Aussi, ces analyses ne portent que sur un nombre limité de paramètres, insuffisant pour apprécier la qualité de l’eau. En outre, faire une analyse quand on est juge et partie… aussi il est préférable de passer par un laboratoire agréé Cofrac, qui lui n’intervient pas dans les traitements.
Alors que la qualité de l’eau est un critère prioritaire, rares sont les chauffagistes qui s’intéressent aux analyses de l’eau, ils en confient le soin au traiteur d’eau. (Bien souvent, il n’y a aucune analyse d’eau du réseau chauffage, si la présence d’un traiteur d’eau n’a pas été jugé utile jusqu’à présent).
C) La cause principale de l’embouage est la présence d’oxygène. D’où vient-il ?
1) Les apports d’eau
Il faut les limiter au maximum. Car riches en oxygène, les apports d’eau aggravent la corrosion et peuvent créer un problème d’entartrage. (Sans apports d’eau importants, le risque d’entartrage est quasi inexistant dans un circuit fermé et ne justifie pas un adoucissement de l’eau, à notre avis).
- Un compteur d’eau doit équiper toute installation de chauffage. Le 1er remplissage permet de connaître le volume d’eau de l’installation et ensuite de comptabiliser les apports d’eau.
- Tous les apports d’eau devraient figurer sur le carnet d’entretien de la chaufferie, avec mention de la date et du volume d’eau introduit. Ils devront justifier (chaque fois que possible) les causes de ces apports d’eau. L’Idéal est de les reporter ensuite sur le rapport des analyses d’eau faites par un laboratoire car elles peuvent expliquer certains des mauvais résultats.
2) Les purgeurs d’air automatiques (pour éliminer les poches d’air)
- Privilégier les purgeurs à grand débit plutôt que les purgeurs à flotteur d’obturation. Car ils sont plus performants, moins soumis à un risque de bouchage ou de défaillance mécanique.
N.B. : Ne pas installer un purgeur d’air sur une canalisation horizontale, il aura peu d’effet. Le positionner à l’aplomb d’une canalisation verticale.
- Vérifier qu’il y a bien un purgeur en tout point haut (colonne montante, ballon, bouteille de mélange…).
- Contrôler une fois par an le bon fonctionnement de ces purgeurs d’air.
3) Le dégazeur (ou séparateur d’air)
Installé en débit total, en sortie de chaudière, de groupe de froid ou de pompe à chaleur. Il est destiné à piéger une partie de l’oxygène dissous dans l’eau, qui sera ensuite évacué à l’extérieur par le purgeur automatique dont il est doté.
C’est un équipement utile, il peut même être envisagé d’en mettre un en complément en point haut de l’installation.
- Vérifier une fois par an le fonctionnement du dégazeur et de son purgeur d’air automatique.
4) Les purges de radiateurs
Elles sont destinées à éliminer l’air pouvant stagner en partie haute d’un radiateur. Idéalement, il faudrait faire une purge à chaque nouvelle saison de chauffage, pour chaque radiateur ou a minima que le chauffagiste fasse quelques contrôles par sondage (à mentionner dans le carnet d’entretien).
- En cas d’embouage chronique, procéder à une purge de l’ensemble des radiateurs.
A savoir : la pratique de purges excessives, la consigne de température des logements donnée au chauffagiste est généralement de 19°C (parfois un peu plus). Certains résidents croyant que c’est uniquement chez eux que la température est insuffisante prennent l’initiative de faire des purges à répétition, persuadés (à tort) que la température va ainsi remonter.
Ces purges, si elles se répètent et sont pratiquées par plusieurs occupants, nécessitent des apports d’eau importants contribuant ainsi à l’embouage ; en outre, ces purges sont souvent faites à l’insu du chauffagiste qui ne s’explique pas alors les raisons des apports d’eau qu’il doit faire.
- Informer les résidents qu’il s’agit là d’une mauvaise pratique.
5) Le vase d’expansion
Sous-dimensionné, (il peut entraîner l’ouverture des soupapes de sécurité et donc un appoint d’eau), un défaut de la membrane (fissurée, devenue poreuse) peut être la cause d’entrées d’air importantes ; en outre, la corrosion intérieure de la cuve contribue à la formation de boues.
- Contrôler une fois par an le vase d’expansion (son état, sa pression).
6/ Les gaines en PER et les raccords
C’est bien connu, « les gaines en PER ne sont pas bien étanches ». C’est le cas pour les gaines en PER sans BAO (Barrière Anti Oxygène), donc à exclure pour les réseaux chauffage. Car une fois en place, on ne peut plus rien faire pour leur manque d’étanchéité.
En réalité, le problème est plus général. Ce sont toutes les gaines PER (BAO ou non), y compris les gaines en PE (Polyéthylène) ou multicouche, qui peuvent avoir un problème d’étanchéité. Mais c’est au niveau des raccords que se pose le problème, ils peuvent manquer d’étanchéité (notamment quand ils sont mal montés).
- Vérifier dans la mesure du possible le montage des raccords de ces gaines (certains chauffagistes font un contrôle par sondage pour se faire une idée).
Un manque d’étanchéité se constate également parfois avec les raccords des compteurs individuels, car étant maintenant souvent en plastique, la pratique est d’éviter au départ de les serrer trop fort (il faudrait les recontrôler ultérieurement). - Vérifier que la pression de l’eau est d’au moins 1,5 Bar à l’entrée des collecteurs (ou clarinettes) de départ des boucles en cas de chauffage par le sol.
- Vérifier l’état du vase d’expansion. Car il permet de maintenir une pression suffisante en tout point d’une installation, empêchant une dépression pouvant permettre une entrée d’air au niveau des purgeurs d’air automatiques ou des raccords.
D) La cause secondaire de l’embouage, ce sont les courants électriques parasitaires
1) Un défaut de mise à la terre
- A contrôler systématiquement à toute nouvelle prise de contrat par le prestataire de chauffage.
2/ Une mauvaise réalisation des liaisons équipotentielles
(Pour garantir l’absence de potentiel électrique entre la canalisation électrique et des éléments métalliques par un câble électrique les reliant).
- À contrôler systématiquement s’il y a un problème d’embouage.
Une mesure des courants électriques a-t-elle été effectuée avec un voltmètre à plusieurs endroits du réseau (où et quand ?) ; en cas de courant porteur > 1 millivolt, des liaisons équipotentielles ont-elles été rajoutées ? (Où et quand ?)
3/ Une perturbation électromagnétique peut être créée en raison de la proximité d’un tableau électrique, d’un chemin de câbles, de moteurs sans protection spécifique, d’un faisceau d’ondes multiples.
- Une distance minimum de 50 cm avec la canalisation d’eau est recommandée. A-t-on repéré des endroits où ce risque existe ?
4/ La multiplicité de métaux dans une installation :
On ne peut rien y faire le plus souvent. Cependant :
- Refuser des travaux de réparation avec du cuivre notamment en chaufferie alors que l’installation est en acier galvanisé (c’est assez fréquent).
- Veiller à ce qu’aucun résidant n’installe chez lui des radiateurs en alu ou fonte d’alu alors que l’ensemble des radiateurs sont en acier.
- Contrôler l’état et si possible remplacer les flexibles caoutchouc à tresse métallique des ventilo-convecteurs, par des flexibles inox ou canalisations multicouche ou cuivre.
E) La 3ème cause de l’embouage, ce sont les bactéries.
– Les bactéries BSR (Bactéries Sulfato-Réductrices) aggravent la corrosion.
– Les bactéries filamenteuses présentes avec le chauffage basse température ont tendance à obstruer les canalisations
(Un filtre magnétique est sans effet sur les bactéries).
- Une analyse de l’eau permet de savoir s’il y a des bactéries et de valider ou non un traitement existant.
F) La 4ème cause de l’embouage est due à un défaut ou mauvais rinçage de l’installation.
Soit au démarrage de l’installation, soit suite à des travaux.
- Un rinçage de l’installation n’est à envisager que s’il est vraiment justifié (et non au cas où…).
G) La 5ème cause de l’embouage est due à l’absence de vannes d’équilibrage sur le réseau.
Des boues ayant tendance à se déposer dans les parties à faible vitesse, alors que de l’abrasion pourra se produire dans les parties à vitesse trop élevée.
- Vérifier s’il y a bien des vannes d’équilibrage, sinon en faire installer et contrôler l’équilibrage.
H/ Autres causes de l’embouage : la dégradation des produits chimiques de traitement, d’autant plus qu’ils peuvent créer une baisse du pH, le surdosage ou le sous-dosage de ces produits, le vieillissement naturel des matériaux métalliques et de synthèse qui se dégradent et relarguent des particules dans l’eau, les vibrations des pompes, moteurs et compresseurs des groupes de froid, PAC, qui accentuent le décrochage de particules, une mise à l’arrêt prolongée de l’installation après vidange.
N.B. : les pompes à débit variable : très en vogue actuellement. Cependant, certains bureaux d’études en reviennent car ils constatent sur des installations, qu’en mode petite vitesse, les réseaux de bout de ligne ont tendance à s’embouer (ce qui est assez logique).
Important : un traitement qu’il soit chimique ou physique (cas du désemboueur ABC Protect) aura de bien meilleurs résultats si les principaux dysfonctionnements d’une installation ont été supprimés ou au moins réduits.
Source : Extraits du dossier ABC de la qualité des eaux de chauffage et d’eau glacée de Christian MICHEL
Edité par Les Editions Parisiennes (Paris 14) Tél. : 01 45 40 30 60 (prix de 35€ + frais d’envoi).