Dans tout circuit de chauffage ou d’eau glacée, l’eau étant en contact permanent avec les parois métalliques de l’installation, il y a un phénomène de corrosion. Des particules de rouille vont peu à peu se détacher au cours des années et, se mélangeant à l’eau, cela donne l’aspect de la boue ; c’est le processus de « l’embouage ».
Pourquoi y a-t-il embouage d‘un réseau chauffage ou d’eau glacée ?
Un réseau chauffage ou d’eau glacée est un circuit fermé. Au départ, l’eau est bien transparente mais peu à peu elle s’encrasse, se charge de particules diverses.
L’explication de l’embouage a plusieurs causes :

1/ La corrosion
C’est la principale cause de la formation de boues dans un réseau chauffage ou d’eau glacée.
La corrosion est due à la présence d’air et donc d’oxygène dans l’eau.
L’oxygène dissous est systématiquement présent dans les réseaux de chauffage et de climatisation.
L’eau courante étant riche en oxygène va « oxyder » peu à peu les surfaces métalliques.
Ainsi, les parois métalliques des divers équipements (radiateurs, canalisations, chaudière…) vont produire de la rouille friable qui, en se détachant, va venir colorer l’eau et la charger en particules.
En principe, cette corrosion devrait ralentir dans le temps avec l’appauvrissement en oxygène de l’eau du réseau chauffage ou d’eau glacée.
Chaque fois qu’il y a un appoint d’eau (donc rajout d’une eau riche en oxygène), il y a relance de la corrosion avec en plus un risque d’entartrage. C’est le cas suite à des travaux, au nettoyage de filtres, du pot à boues, de radiateurs, ou au désembouage de l’installation.
Cet apport d’air se produit également en présence de matériaux non étanches (gaines en PER, certains raccords ou joints) ou avec un vase d’expansion fuyard ou sous-dimensionné.
D’autres facteurs peuvent aggraver cette corrosion : le développement bactérien, un mauvais nettoyage des réseaux, la dégradation d’un antigel, l’existence de métaux différents créant une corrosion galvanique, la présence naturelle de chlorures dans l’eau de remplissage, la corrosion par aération différentielle (ou corrosion sous dépôts).
2/ Les caractéristiques de l’eau
Les caractéristiques de l’eau peuvent beaucoup contribuer à la formation des boues :
- son pH (ou Potentiel Hydrogène). Par exemple, pour un réseau avec des éléments en acier, si le pH est en dehors de la fourchette 8,5-10,5 le risque de corrosion est élevé.
- la dureté de l’eau :
- si elle est élevée, il y a le risque d’entartrage avec formation de dépôts durs qui amalgament calcaire et autres particules, notamment métalliques. Un risque marginal car si l’eau n’est pas renouvelée ou qu’il n’y a pas d’apports d’eau fréquents, une fois que le calcaire a précipité, il n’y en a plus en suspension dans l’eau, donc pas de boue due au calcaire.
- si elle est basse, le risque de corrosion est élevé ce qui nécessite le rajout à l’eau d’un produit inhibiteur de corrosion (il pourra au mieux limiter la corrosion et donc la formation de boue). C’est pourtant le choix de fabricants de chaudières, certains demandant une dureté de 0 à 3°f, élément requis (mais non suffisant) pour valider la garantie en cas de casse du corps de chauffe de la chaudière.
NB : on notera que les problèmes d’embouage sont nettement plus fréquents dans les installations récentes, même avec une eau très adoucie, que dans les installations anciennes dont l’eau n’est que très rarement adoucie.
3/ Les bactéries
Les bactéries sont présentes dans tous réseaux mais à des degrés divers. En particulier, quand il y a du chauffage basse température et/ou des gaines en PER, les bactéries peuvent être une composante importante des boues, pouvant obstruer les réseaux. Étant présentes de façon naturelle dans l’eau, sans traitement permanent efficace, elles vont rapidement se reproduire et coloniser l’installation si les conditions leur sont favorables.
Par ailleurs, les bactéries peuvent être à l’origine d’une corrosion primaire, soit être un facteur aggravant une corrosion préexistante.
La présence des bactéries BSR (sulfato-réductrices) est attestée par l’odeur caractéristique que dégagent les sulfures.
Il est donc important lors d’une analyse de l’eau d’un réseau de contrôler s’il y a présence ou non de bactéries et de noter si l’eau a une odeur (des éléments très rarement pris en considération par les traiteurs d’eau, alors que les bactéries sont un véritable problème quand elles sont en nombre et que c’est le moyen de vérifier l’efficacité d’un traitement).
De quoi sont composées les boues d’un réseau de chauffage ou d’eau glacée ?
L’eau d’un réseau de chauffage ou d’eau glacée a souvent une couleur foncée qui donne cet aspect de boue, ce n’est cependant pas une règle systématique. En réalité, il n’y a pas un mais plusieurs types de boues, raison qui explique que le terme soit souvent utilisé au pluriel.
L’aspect de l’eau du réseau de chauffage ou d’eau glacée est trompeur, seule une analyse par un laboratoire permet de connaître la composition des boues. Ainsi, on peut différencier :
- des boues métalliques, généralement les plus abondantes. Elles sont dues à la corrosion des parties métalliques de l’installation (canalisations, radiateurs, pompes, chaudière, groupe de froid…). Ainsi, on peut trouver du fer mais aussi du cuivre, du zinc, de l’aluminium, du magnésium…
- des boues organiques avec algues et bactéries. Elles sont fréquentes dans les gaines plastiques notamment les gaines en PE ou en PER ou avec du chauffage basse température, conditions qui sont très favorables à leur développement.
- des boues minérales. C’est le cas par exemple avec une eau calcaire ou d’autres sels minéraux.
- des boues diverses : calamine, poussières et sable (s’il n’y a pas eu nettoyage de l’installation avant sa mise en service), déchets de soudure, filasse… (suite à des travaux), en fait des particules qui ont été introduites dans le réseau.
Comment lutter contre l’embouage d’une installation de chauffage ou de climatisation ?
La cause principale de l’embouage est la corrosion, un phénomène naturel en raison de la présence d’oxygène dans l’eau qui oxyde les surfaces métalliques. C’est la raison pour laquelle un réseau est équipé dès l’origine de purgeurs d’air automatiques, parfois d’un dégazeur pour chasser l’air, de filtres, d’un pot de décantation et parfois d’un pot à boues pour capter les boues.
Quelle efficacité d’un traitement préventif classique pour une installation chauffage ou climatisation ?
Toutes les installations de chauffage ou de climatisation sont confrontées un jour ou l’autre à la problématique de l’embouage. Pour le prévenir ou éviter qu’il ne s’intensifie, une majorité de chauffagistes et de Bureaux d’Etudes préconisent un traitement préventif chimique et l’installation d’un pot à boues (s’il n’y en a pas déjà un).
- Le traitement préventif consiste à injecter des produits dans l’eau du réseau pour protéger l’installation de l’entartrage et de la corrosion. Une activité sous-traitée le plus souvent par le chauffagiste à un traiteur d’eau, avec en option :
- Un dispositif de rétention des particules en suspension qu’on appelle » filtre clarificateur » ou » pot à boues magnétique « qui capte par son barreau magnétique les particules de fer (limaille) et par sa poche filtrante les autres particules en suspension.
Sont-ils vraiment efficaces ?
D’une façon générale, un traitement chimique préventif retarde l’entartrage et l’embouage. Mais pour quelle durée ?
Aucune garantie n’est donnée, et pour cause : si le plus souvent ce traitement préventif permet de retarder de plusieurs années (4-5 ans ou plus) la nécessité de procéder à un désembouage, parfois ils n’évitent pas l’embouage qui peut se manifester au bout de quelques mois.
Par ailleurs, que penser du pot à boues ? Il faut savoir que « 9 installations sur 10 qui nécessitent un désembouage étaient pourtant équipées d’un pot à boues ».
Les désembouages chimique ou hydropneumatique sont-ils encore justifiés ?
Lorsque le réseau est trop emboué pour rétablir la circulation et les échanges thermiques, il faut procéder à une phase curative : le désembouage.
En fait, divers types de prestations sont pratiqués :
- Le rinçage à l’eau courante : il convient s’il n’y a qu’un faible embouage ne créant aucune baisse de débit. Mais l’eau peut contenir des débris divers et des produits de traitement qui se sont dégradés et ne peuvent qu’obstruer un peu plus l’installation.
- Le désembouage chimique : à l’aide de dispersants chimiques, il convient quel que soit l’importance de l’embouage. Il est indispensable si les boues sont colmatées.
- Le désembouage hydropneumatique : il consiste à envoyer un mélange d’eau et d’air pulsé. Il convient s’il y a un fort embouage occasionnant une baisse de débit avec des boues relativement peu colmatées.
- Le désembouage chimique complété par à un nettoyage hydropneumatique : requis en cas de fort embouage, occasionnant une baisse de débit et avec des boues colmatées.
Certains de ces procédés ont un agrément du CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) ce qui ne garantit absolument pas le résultat ; il suffit de regarder le fonctionnement des installations de chauffage d’institutions comme les hôpitaux et maisons de retraite pour qui c’est un problème majeur compte tenu des résidents.